blog de Benoit Rouzé

Tout le monde, excepté l’Allemagne, découvre que l’austérité menée de front par l’ensemble des pays casse la croissance économique et provoque la récession. Même le FMI avoue s’être trompé sur l’effet multiplicateur de l’austérité. Comme je l’ai souvent dit, l’austérité qui casse la croissance diminue les recettes fiscales et aggrave la situation au lieu de l’améliorer.

            En somme, si on fait de l’austérité…on perd et si on n’en fait pas…on perd aussi !

            Le problème, c’est qu’il n’y a pas eu le commencement du début d’austérité en France, nous n’avons eu droit qu’à un matraquage fiscal qui a découragé les investisseurs, fait fuir les capitaux et bloqué la machine de production.

            L’Espagne, l’Italie, la Grèce ont pris de véritables (et malencontreuses) décisions d’austérité…mais pas la France ! Après 7 années de crise, le déficit budgétaire 2012 de la France de 98,2 milliards a encore dérapé (4,8%). La France est incapable de maitriser ses dépenses publiques ; sa dette brute consolidée est passée de 90,2% fin 2012 contre 85,8% fin 2011. L’augmentation a encore été de 0,7%, dont 3,5% de progression des dépenses sociales.

Les dépenses de fonctionnement sont passées de 379,1 milliards à 388,5 milliards (+2,5%).

Les prestations sociales ont également augmenté de 3,5% à 528,7 milliards !!!!!!

            La hausse des impôts sans précédent (+5,3%) a fait passer le taux de prélèvements obligatoires de 43,7 à 44,9%.

            Le débat sur plus ou moins d’austérité ne se pose pas pour la France ; il s’agit simplement de savoir quand nous commencerons à gérer correctement, à lutter contre les gaspillages, et à aller vers une maitrise des dépenses publiques. Comment expliquer que rien ne soit fait sur l’empilement des 5 strates d’administrations territoriales? Pourquoi les barons locaux continuent leurs dépenses somptuaires et pourquoi le déficit des administrations publiques locales a doublé passant à 3,1 milliards ?

            Quand serons-nous enfin capables de faire les réformes structurelles dont la France a besoin et qui sont sans cesse différées depuis 30 ans ? Si nos élites veulent garder un euro fort et  rester dans un système de libre échange sans règles, il faudra enfin se réformer car la marge des entreprises n’a jamais été si faible Elle reste d’ailleurs la plus faible d’Europe et la situation des entreprises se dégrade dans l’économie mondiale non seulement par rapport aux Chinois mais aussi à l’intérieur de l’Europe. Si nous ne sommes pas capables de nous réformer, nous ne pourrons continuer à emprunter chaque année 500 milliards d’euros pour boucler notre budget.

            Alors après 1 an d’Hollandisme, pourrait-on s’atteler vraiment à réduire nos gaspillages et à se réformer enfin ?

            Au moment où la France doit réduire sa dette, les prêts au FESM ont été de 27,1 milliards, l’apport au MESF de 6,5 milliards + 9,8 de provisionnés sans compter l augmentation de notre cotisation à l’UE. Alors, avant de continuer de payer pour Chypre, l’Irlande, et de donner 55 milliards d’intérêts chaque année aux financiers, relisons ces vers de Pierre de Ronsard (XVIème siècle quand même) :

France de ton malheur tu es cause en partie.

Je t’en ai, par mes vers, mille fois avertie.

Tu es marâtre aux tiens, et mère aux étrangers

Qui se moquent de toi quand tu es en danger.

Car la plus grande part des étrangers obtiennent,

Les biens, qui à tes fils, justement appartiennent.